Le Yack : Dans l'atelier d'un peintre hybride à Orléans, des Beaux-Arts aux pixels
Qu'est-ce qu'être un artiste peintre aujourd'hui ? Est-ce rester figé dans les techniques du passé ou, au contraire, embrasser son époque pour en extraire une nouvelle poésie ? Depuis mon atelier à Orléans, c'est la question qui guide mon travail quotidien. Je suis Le Yack (ou Leyack), et je définis mon approche comme celle d'un "peintre hybride". Mon processus créatif est une synthèse assumée entre deux mondes : la rigueur académique de la peinture classique et les possibilités infinies du numérique. Loin d'être une facilité, c'est une démarche exigeante qui demande de maîtriser les deux bouts de la chaîne. Plongée dans ma méthode de travail, où la technologie ne remplace pas le geste, mais le précède.
Les fondations : L'école des Beaux-Arts d'Orléans
Avant de parler d'écran ou de pixels, il faut revenir à l'essentiel : la matière et le dessin. Je ne suis pas arrivé à la création par la technologie. Je suis un peintre diplômé de l'école des Beaux-Arts d'Orléans.
Mes fondations sont classiques. J'y ai appris la rigueur du dessin d'observation, les règles de la perspective, la chimie des couleurs, l'odeur de l'huile et de la térébenthine, le travail de la touche et des glacis. Je connais la discipline qu'exige la toile blanche et le respect des maîtres anciens. Ce bagage technique est inamovible ; c'est le socle sur lequel tout mon travail actuel repose. Je ne peins pas en hybride parce que je ne sais pas peindre classiquement ; je le fais parce que j'ai choisi d'élargir mon champ des possibles.
Le virage numérique : 30 ans de Direction Artistique
Après ma formation classique, j'ai plongé dans le monde professionnel, passant trois décennies comme Directeur Artistique dans l'édition. Trente ans à composer des images, à équilibrer les couleurs et à raconter des histoires visuelles, non plus avec un pinceau, mais avec une tablette graphique et Photoshop.
Cette longue expérience a forgé mon œil "moderne". Mon atelier est devenu hybride : mes connaissances classiques se sont mariées à la puissance des outils numériques. Aujourd'hui, je construis, je déconstruis, je superpose et je sculpte la lumière sur écran avec la même exigence académique que celle apprise aux Beaux-Arts.
Le numérique et l'IA : des outils au service d'une vision maîtrisée
C'est ici qu'intervient souvent le débat avec certains confrères. Oui, j'utilise les outils numériques contemporains, incluant de manière subtile les possibilités offertes par l'intelligence artificielle dans mon flux de travail Photoshop.
Mais soyons clairs : mon choix du numérique n'est pas une fuite devant la difficulté de la peinture. C'est un outil d'exploration. Ces technologies me permettent de tester des centaines de variations de mes thèmes – le néo-réalisme, la figure de la femme – avec une rapidité incroyable. C'est un travail de direction artistique intense : je sélectionne, je rejette, je corrige l'outil grâce à mon œil de peintre formé. L'IA n'est pas le créateur, c'est un assistant zélé que je dirige avec fermeté.
De l'écran à la toile : le retour à la matière
Ce processus aboutit à une dualité dans mon œuvre. D'un côté, les tirages numériques petits formats, témoins de cette recherche visuelle. De l'autre, l'étape finale, cruciale, destinée aux galeries : la transposition en peinture grand format.
C'est là que mon diplôme des Beaux-Arts reprend tous ses droits. Quand je reprends mes pinceaux et mes tubes pour finaliser une œuvre sur toile, je ne fais pas du coloriage. Je réinterprète physiquement mon propre travail numérique. J'apporte la texture, l'empâtement, le geste vibrant que la machine ne pourra jamais reproduire.
Être un peintre hybride comme Le Yack, c'est avoir la culture classique pour maîtriser les outils du futur, et non l'inverse.