Au-delà de la toile : quand la rencontre fait parler mes peintures
Le yack exposition en Belgique.
Je m'appelle Le Yack. Je suis un artiste peintre basé à Orléans. Si mon travail solitaire en atelier est essentiel, je ne conçois pas ma vie d'artiste sans le contact humain. Pour moi, une peinture n'est jamais vraiment finie tant qu'elle n'a pas rencontré le regard de l'autre. C'est dans ces échanges, lors d'un vernissage, d'un salon ou d'une simple visite à l'atelier, que mes tableaux prennent vie. J'aime ces moments où l'on me questionne, où l'on interprète, où l'on cherche à comprendre ce qui se cache derrière mes scènes néo-réalistes.
Voici quelques bribes de conversations, des instants partagés autour de mes toiles, qui illustrent bien ces rencontres.
L'histoire d'un regard et d'un perroquet
C'était lors d'une foire d'art contemporain. Une dame élégante s'est arrêtée longuement devant ce portrait d'un jeune homme au perroquet.
Elle : Il a un air si particulier, ce jeune homme. Un mélange de fierté et de mélancolie. Et ce perroquet sur son épaule... on dirait qu'il sait quelque chose que nous ignorons. Moi : C'est exactement ce que je voulais capturer. Ce regard direct, un peu défiant. Le perroquet, c'est son confident. J'aime l'idée qu'il y a une conversation silencieuse entre eux. Elle : Et cette veste verte, ce fond rose... C'est audacieux ! Moi : Oui, j'aime les contrastes. Le rose apporte une certaine douceur, une intimité, qui tranche avec le vert vif de la veste. C'est un clin d'œil aux portraits classiques, mais avec une touche plus moderne, plus "pop".
Le mystère du diner de nuit
Un soir de vernissage, un groupe d'amis discutait devant cette scène nocturne, très inspirée d'Edward Hopper.
Un des amis : Ça me fait penser à ces films noirs des années 50. L'homme seul dehors, en imperméable, qui regarde à l'intérieur... On dirait qu'il attend quelqu'un, ou qu'il surveille. Moi : C'est tout l'intérêt de ces scènes nocturnes. Il y a une tension, un mystère. Qui est cet homme ? Que regarde-t-il ? Le groupe à table ne semble pas le voir. Une autre amie : Et cette voiture bleue, elle est magnifique. C'est comme si elle faisait partie de l'histoire. Moi : Absolument. Dans mes peintures, les objets ont souvent autant d'importance que les personnages. La voiture, l'éclairage du diner, les robes des femmes... tout contribue à créer une atmosphère. J'aime laisser le spectateur imaginer la suite.
La solitude dans la ville
Un jeune couple s'est arrêté devant ma peinture d'un immeuble la nuit, avec ses fenêtres éclairées.
Lui : C'est fou comme cette image est silencieuse. On voit des gens dans les appartements, mais chacun semble dans son monde. Moi : C'est un thème qui me touche beaucoup : la solitude urbaine. On vit tous ensemble, empilés les uns sur les autres, mais on ne se connaît pas. Elle : Et cette porte rouge en bas... c'est la seule touche de couleur vive. On dirait une invitation à entrer, ou au contraire, un avertissement. Moi : C'est exactement ça. J'aime jouer avec cette ambiguïté. La lumière chaude des fenêtres attire, mais l'obscurité de la nuit et cette porte rouge créent une certaine distance. C'est un peu comme la vie en ville : on est à la fois proche et loin des autres.
Un instant de réflexion
Enfin, je me souviens d'une jeune femme qui est restée très longtemps devant ce portrait d'une femme blonde dans un train, pensive.
Elle : Elle a l'air si triste, cette femme. Ou plutôt... perdue dans ses pensées. Moi : J'ai voulu capturer un moment d'introspection. On est dans un lieu public, un train ou un café, mais on est seul avec soi-même. Elle : Et cette robe rouge, c'est magnifique. Ça fait ressortir sa peau pâle et ses cheveux blonds. Moi : Oui, le rouge est une couleur très forte. Ici, il contraste avec l'ambiance un peu sombre et bleue de la scène. C'est une manière de mettre en avant le personnage, de le rendre présent malgré sa mélancolie. J'aime beaucoup travailler sur ces moments suspendus, où le temps semble s'arrêter.
Ces rencontres sont essentielles pour moi. Elles me nourrissent, me donnent envie de continuer à peindre, à raconter des histoires. Alors, si vous passez par Orléans ou si vous me croisez sur une exposition, n'hésitez pas à venir me parler. J'aurai toujours plaisir à échanger avec vous sur mon travail.
Rencontre avec Le Yack : L'artiste peintre polymorphe qui réinvente les codes, du Street Art au Néo-réalisme.
Le yack en reportage vidéo.
Dans le paysage foisonnant de l'art actuel, certains parcours captivent par leur richesse et leur refus des étiquettes. Alexandre, qui signe ses œuvres sous le nom d'artiste peintre Le Yack (ou souvent stylisé Leyack), est de ceux-là.
Loin de l’image d’Épinal de l’artiste néophyte, Le Yack possède un bagage visuel impressionnant. Ancien directeur artistique dans l’édition pendant près de trente ans, graphiste, illustrateur et vidéaste, il maîtrise la grammaire de l’image sur le bout des doigts. Mais c’est aussi un diplômé des Beaux-Arts, fort d'une culture de l'art classique approfondie. C’est cette dualité qui fait sa force : une base académique solide mise au service d'une curiosité insatiable et d'une envie permanente d'expérimenter.
Nous l'avons rencontré pour comprendre comment ce touche-à-tout expérimenté revisite les classiques pour créer quelque chose de résolument nouveau, et pour parler de son nouveau projet, l'Atelier Joconde.
L'INTERVIEW
Question : Commençons par l'identité visuelle sonore de votre nom d'artiste. D’où vient ce pseudonyme intrigant, “Le Yack” ?
Alexandre (Le Yack) : C'est une histoire qui ancre mon travail actuel dans mes vies antérieures. Ce nom ne sort pas d'un chapeau, il remonte à l’époque où je faisais beaucoup de reportage vidéo sur le terrain.
J’utilisais une caméra équipée d'un micro avec une grosse bonnette en poils synthétiques pour couper le vent. Visuellement, cet accessoire me faisait penser à un yack ! C’est d'abord devenu une sorte de "private joke", un surnom sur les tournages, et c'est resté. Quand je suis revenu sérieusement à la peinture, c'était une façon amusante, naturelle et un peu décalée de trouver un nom qui me représente, qui fasse le pont entre mon passé de technicien de l'image et mon présent d'artiste.
Question : Vous n'êtes pas un "jeune premier" dans le monde de l'image. Comment passe-t-on de 30 ans de direction artistique et de vidéo à l'atelier de peinture ?
Le Yack : Le passage n'a pas été une rupture, mais plutôt une reconnexion. J'ai effectivement travaillé une très grosse partie de ma vie dans l'édition comme directeur artistique. J'y ai aiguisé mon œil pour la composition, la typographie, l'impact visuel. J'ai aussi cette casquette de graphiste, d'illustrateur... Je suis un touche-à-tout, mais avec des bases très solides.
Je suis diplômé des Beaux-Arts. Je connais mes classiques, la technique, l'histoire de l'art. Cette culture approfondie est mon socle. Pendant longtemps, elle a nourri mon travail de commande.
Le déclic pour le retour à la création pure s'est fait, comme pour beaucoup, à l'époque du Covid. Le temps s'est suspendu. J'ai rouvert mes vieux cartons d'étudiant des Beaux-Arts, remplis de croquis de l'époque. L'envie de tout reprendre, de remettre les mains dans la matière, a été viscérale.
Question : Votre première exposition était très marquée "Street Art". Aujourd'hui, votre travail semble évoluer. Comment définissez-vous votre style actuel ?
Le Yack : Je suis un expérimentateur né. Avec mon bagage technique, je ne veux surtout pas m'enfermer dans une case.
J'ai effectivement recommencé avec un style purement Street Art et Pop Art lors de ma première exposition à l'Empreinte Galerie d'Orléans. J'aime profondément ce mélange des genres, cette culture graphique immédiate, percutante. C'est mon côté directeur artistique qui parle : l'efficacité de l'image.
Mais avec le temps, mon travail évolue naturellement vers un style plus néo-réaliste, plus introspectif, peut-être plus "peinture" au sens noble du terme. Je cherche à repartir des classiques, des bases académiques que je maîtrise, pour essayer d'en faire quelque chose de nouveau, de contemporain.
Aujourd'hui, mon cœur balance entre ces univers. Je ne veux pas choisir entre l'énergie du graphisme urbain et la profondeur du réalisme. Je suis un artiste peintre hybride, et je revendique cette curiosité qui me pousse à remettre constamment mon travail en question.
Question : Vous lancez une nouvelle plateforme, "Atelier Joconde". Quelle est l'intention derrière ce projet ?
Le Yack : L'Atelier Joconde, c'est la volonté de créer un lien direct avec ceux qui apprécient mon travail, en parallèle du circuit des galeries.
C'est un site où je vais proposer mes créations en vente directe, principalement sous forme de digigraphies sur toile. La digigraphie est un procédé d'impression numérique de très haute qualité, certifié, qui permet de reproduire mes œuvres avec une fidélité incroyable sur un support noble. Cela me permet de rendre mon art plus accessible, tout en contrôlant parfaitement la qualité du rendu final. C'est une nouvelle étape excitante dans mon parcours.
Le Yack : Dans l'atelier d'un peintre hybride à Orléans, des Beaux-Arts aux pixels
Le Yack : Dans l'atelier d'un peintre hybride à Orléans, des Beaux-Arts aux pixels
Qu'est-ce qu'être un artiste peintre aujourd'hui ? Est-ce rester figé dans les techniques du passé ou, au contraire, embrasser son époque pour en extraire une nouvelle poésie ? Depuis mon atelier à Orléans, c'est la question qui guide mon travail quotidien. Je suis Le Yack (ou Leyack), et je définis mon approche comme celle d'un "peintre hybride". Mon processus créatif est une synthèse assumée entre deux mondes : la rigueur académique de la peinture classique et les possibilités infinies du numérique. Loin d'être une facilité, c'est une démarche exigeante qui demande de maîtriser les deux bouts de la chaîne. Plongée dans ma méthode de travail, où la technologie ne remplace pas le geste, mais le précède.
Les fondations : L'école des Beaux-Arts d'Orléans
Avant de parler d'écran ou de pixels, il faut revenir à l'essentiel : la matière et le dessin. Je ne suis pas arrivé à la création par la technologie. Je suis un peintre diplômé de l'école des Beaux-Arts d'Orléans.
Mes fondations sont classiques. J'y ai appris la rigueur du dessin d'observation, les règles de la perspective, la chimie des couleurs, l'odeur de l'huile et de la térébenthine, le travail de la touche et des glacis. Je connais la discipline qu'exige la toile blanche et le respect des maîtres anciens. Ce bagage technique est inamovible ; c'est le socle sur lequel tout mon travail actuel repose. Je ne peins pas en hybride parce que je ne sais pas peindre classiquement ; je le fais parce que j'ai choisi d'élargir mon champ des possibles.
Le virage numérique : 30 ans de Direction Artistique
Après ma formation classique, j'ai plongé dans le monde professionnel, passant trois décennies comme Directeur Artistique dans l'édition. Trente ans à composer des images, à équilibrer les couleurs et à raconter des histoires visuelles, non plus avec un pinceau, mais avec une tablette graphique et Photoshop.
Cette longue expérience a forgé mon œil "moderne". Mon atelier est devenu hybride : mes connaissances classiques se sont mariées à la puissance des outils numériques. Aujourd'hui, je construis, je déconstruis, je superpose et je sculpte la lumière sur écran avec la même exigence académique que celle apprise aux Beaux-Arts.
Le numérique et l'IA : des outils au service d'une vision maîtrisée
C'est ici qu'intervient souvent le débat avec certains confrères. Oui, j'utilise les outils numériques contemporains, incluant de manière subtile les possibilités offertes par l'intelligence artificielle dans mon flux de travail Photoshop.
Mais soyons clairs : mon choix du numérique n'est pas une fuite devant la difficulté de la peinture. C'est un outil d'exploration. Ces technologies me permettent de tester des centaines de variations de mes thèmes – le néo-réalisme, la figure de la femme – avec une rapidité incroyable. C'est un travail de direction artistique intense : je sélectionne, je rejette, je corrige l'outil grâce à mon œil de peintre formé. L'IA n'est pas le créateur, c'est un assistant zélé que je dirige avec fermeté.
De l'écran à la toile : le retour à la matière
Ce processus aboutit à une dualité dans mon œuvre. D'un côté, les tirages numériques petits formats, témoins de cette recherche visuelle. De l'autre, l'étape finale, cruciale, destinée aux galeries : la transposition en peinture grand format.
C'est là que mon diplôme des Beaux-Arts reprend tous ses droits. Quand je reprends mes pinceaux et mes tubes pour finaliser une œuvre sur toile, je ne fais pas du coloriage. Je réinterprète physiquement mon propre travail numérique. J'apporte la texture, l'empâtement, le geste vibrant que la machine ne pourra jamais reproduire.
Être un peintre hybride comme Le Yack, c'est avoir la culture classique pour maîtriser les outils du futur, et non l'inverse.